Le 7 février 2011, Jonathan Destin s’immolait par le feu, seule solution à ses yeux pour en finir avec ce qu’il vivait quotidiennement. Le 20 août 2022, Jonathan Destin décédait dans son sommeil. Entre ces deux dates, le jeune nordiste est devenu une figure emblématique de la lutte contre le harcèlement scolaire. Tout d’abord pour dénoncer ce qu’il subissait mais ensuite pour sensibiliser les élèves, les parents et les éducateurs autour de cette question qui, pendant des générations, était restée dans la confidentialité des couloirs, des toilettes ou des cours de récré des collèges et des lycées, parfois reléguée au simple chahut par les adultes.
Depuis, et malheureusement grâce à ce que Jonathan a vécu ainsi qu’aux autres vies brisées de ces jeunes en souffrance, l’Education Nationale s’est dotée de protocoles pour lutter contre toutes les formes de harcèlement et de discrimination. C’est la loi de Refondation de l’Ecole de la République qui va l’inscrire définitivement dans le marbre en 2013. Nous nous sommes donc formés, nous avons élaboré des protocoles dans chacun de nos établissements et nous œuvrons chaque jour pour pacifier le climat scolaire. Cependant, le harcèlement est toujours là, tapi dans l’ombre du smartphone et du réseau social, il a dépassé les murs de l’école et veille, H24.
« Donc, rien n’a changé » me direz-vous. Non, au contraire, tout a changé : d’abord notre regard d’adulte prenant en compte la souffrance réelle de l’enfant. Ensuite, et la plus importante, la volonté des élèves eux-mêmes à vouloir agir ! Et cela grâce aux témoignages de jeunes qui, comme Jonathan Destin, ont par leur courage malgré la peur, leur douceur malgré la douleur, leur bienveillance malgré la colère, montré une nouvelle voie : celle de la sensibilisation par les pairs. En 2015, à la demande des élus du Conseil National pour la Vie Lycéenne (CNVL) la mission d’Ambassadeur contre le harcèlement scolaire est créée. Après une formation au phénomène du harcèlement, ses mécanismes et ses conséquences psychosociales, les Ambassadeurs interviennent dans leur établissement mais également dans les établissements alentours, que ce soient des lycées, des collèges ou des écoles primaires, afin de sensibiliser leurs pairs. Cette action peut prendre appui sur un outil créé en amont par les Ambassadeurs comme un clip-vidéo, une affiche, un slogan, une chanson, un texte (outil qui pourra ensuite être valorisé par le concours Non Au Harcèlement-NAH). Dans le cadre de pHARe, les Ambassadeurs sont unatout majeur des 8 piliers de ce programme.
La sensibilisation par les pairs à la lutte contre le harcèlement est en effet primordiale car les Ambassadeurs sont un relais efficace et plus significatif pour les élèves que ne le sont les adultes. En effet, quand nous intervenons, nous avons tendance à parfois, involontairement, le faire de façon descendante et moralisatrice. Alors qu’au contraire, quand il s’agit du témoignage d’un élève ou de l’action d’un pair, le discours véhiculé alors est plus pertinent car il détient les codes pour atteindre sa cible. On le voit notamment lorsqu’on visionne les vidéos primées sur le site NAH. Avoir des Ambassadeurs dans son établissement est chronophage puisqu’il faut d’abord les former, puis les accompagner tout au long de leurs projets de sensibilisation. Mais leur action nous permet de gagner tellement plus en termes de climat scolaire que nous oublions vite ces désagréments pour n’en voir que les bénéfices.
Chaque bassin est doté d’un référent « Harcèlement » (placé sous l’autorité du référent académique M. Régis Verhaeghe, CT EVS), à l’écoute et capable de former les Ambassadeurs. Pourquoi ne pas en profiter ?
Quelques liens pour aller plus loin :
Prix « Non au harcèlement » | Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse
Aurélie HERCOUET, CPE
Référente « Harcèlement » du Bassin 14
